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Depuis le début de la première guerre mondiale, un fait n’a cessé de piquer la curiosité de nombreux observateurs de la vie intellectuelle en Amérique, à savoir, la vogue extraordinaire que l’oeuvre d’Anatole France connut aux Etats-Unis. Il est en effet tort curieux que cet auteur,qui, de l’aveu de plusieurs critiques, possède des qualités essentiellement françaises et latines, ait pu susciter chez ses lecteurs anglo-saxons un intérêt aussi vif. Henri Peyre, un des étudiants les plus avisés de la question, nous dit: L’immense succès d’Anatole France dans les pays anglo-saxons et nordiques est un des phénomènes littéraires les plus surprenants de l’histoire intellectuelle de ce temps; cet écrivain, artiste et styliste avant tout, donc intraduisible; ironique et négateur; sensuel et plaisamment immoral, a pu séduire des peuples d’ordinaire médiocrement attentifs au poli de la forme, friands de didactisme ou d’effets un peu appuyés (voir le choix des Prix Nobel, par exemple) sérieux et puritains. Pour expliquer cet engouement surprenant, il est manifeste qu’une étude portant sur la réaction de la critique américaine à partir du moment où elle s’est intéressée à l’oeuvre d’Anatole France serait de la plus grande utilité à quiconque voudrait baser ses opinions et conclusions sur une documentation aussi complète que patiemment contrôlée. [...]